Ce 75e anniversaire est une excellente occasion de réfléchir aux avancées en santé publique qui ont amélioré la qualité de vie au cours des sept dernières décennies. Il est aussi une bonne source de motivation pour qui veut s’attaquer aux défis en santé d’aujourd’hui – et de demain.
Je pense au rôle que peut jouer la technologie comme principal moteur de changement. Au cours des 70 dernières années, elle a transformé tous les aspects de notre vie : notre façon de travailler, d'apprendre, de magasiner et de nous divertir. Même si le rythme du changement est un peu plus lent dans le domaine des soins de santé, la technologie y est tout aussi transformatrice.
Durant les 20 dernières années, Inforoute Santé du Canada a été aux premières loges d’innovations qui ont marqué la santé numérique – et elle a eu droit à tout un spectacle! On évalue à environ 50 milliards de dollars les avantages découlant des investissements faits par Inforoute depuis 2001 dans les seules initiatives en santé numérique. Ces avantages se sont traduits par une meilleure qualité des soins, un accès plus facile aux soins et un réseau de la santé mieux à même de servir la population.
Bien sûr, la pandémie mondiale a accéléré l’adoption des soins virtuels, puisque les consultations en personne étaient alors trop risquées, surtout pour les grands utilisateurs du réseau de la santé. Grâce au travail réalisé depuis des décennies par les provinces, les territoires et l’industrie pour mettre sur pied une infrastructure de santé numérique dotée de grands systèmes d’information sur les médicaments et les résultats d’analyse de laboratoire, de dépôts d’imagerie diagnostique, de solutions de télésanté et d’autres outils de santé numériques, la transition vers les soins virtuels a pu se faire plus efficacement et bien plus rapidement.
À vrai dire, de janvier 2021 à mars 2022, 33 % des consultations médicales ont été virtuelles. En plus de conserver leur accès au réseau de la santé, les patients ont pu éviter au total 1,2 milliard de kilomètres de déplacements représentant 89 millions d’heures et des dépenses de 5,9 milliards de dollars, ce qui a permis de réduire les émissions de CO2 de 330 000 tonnes métriques. Quel bienfait pour notre santé et celle de notre planète!
Toutefois, la pandémie a aussi mis en évidence certains des obstacles à la santé mentionnés dans la déclaration de l’anniversaire de l’OMS. Le manque d’équité en santé est celui qui nous vient spontanément à l’esprit. L’inégalité d’accès à l’information, aux vaccins et aux services de santé a été particulièrement flagrante alors que le monde entier était confronté à une crise sanitaire sans précédent. Les populations mal desservies, les communautés sous-représentées et les habitants des régions rurales/éloignées doivent pouvoir participer à la création de solutions susceptibles de les aider à améliorer leurs expériences et leurs résultats en santé plutôt que de composer avec des lacunes et des obstacles encore plus grands.
Par exemple, grâce à la circulation fluide de l’information médicale dans un réseau de la santé connecté, les cliniciens pourront offrir des soins optimaux, parce que des données normalisées suivront chaque patient tout au long de son parcours de soins. Lorsque les patients ont accès à leur information médicale, ils sont en mesure d'être mieux informés et de mieux s’occuper de leur santé, ce qui améliore l’expérience de soins, l’efficacité du réseau de la santé et les résultats pour la santé.
L’objectif des soins connectés – ou de l’interopérabilité – est un enjeu mondial, qui exige une coopération mondiale. À l’image de la rencontre des membres fondateurs de l’OMS qui se sont réunis en 1945 pour relever des défis internationaux en santé, un partenariat mondial en santé numérique (le Global Digital Health Partnership (GDHP)) a été mis sur pied par un groupe de pays, dont le Canada, en 2018. Le groupe a constaté cinq enjeux mondiaux de santé numérique exigeant une attention et une collaboration internationales, soit :
- L’interopérabilité
- La cybersécurité
- Les contextes stratégiques
- L’engagement des cliniciens et des consommateurs
- Les données probantes et l’évaluation
Comme présidente du volet de l’engagement des cliniciens et des consommateurs, je peux vous dire à quel point la collaboration avec nos partenaires de partout dans le monde est précieuse lorsqu’il nous faut réfléchir aux meilleures façons de mettre en commun notre expertise et notre vaste expérience pour améliorer la qualité de vie de nos concitoyens.
Cette collaboration internationale a aussi donné lieu à des travaux au pays. À partir de ce que nous avons appris de nos collègues étrangers et en consultation avec les principaux intervenants au Canada, Inforoute a récemment créé une feuille de route commune de l'interopérabilité pancanadienne qui expose notre vision d’un réseau de la santé connecté, les domaines prioritaires et les piliers qui nous permettront de réaliser le travail qui nous attend.
Je crois sincèrement que notre pays s’apprête à vivre une période exaltante. Nos réussites des décennies passées forment une solide fondation grâce à laquelle nous pourrons relever les défis qui persistent aujourd’hui, surtout que nous pouvons profiter de la collaboration indéfectible d’organisations comme le GDHP et l’OMS. Alors nous avons des amis sur qui compter.
Ainsi donc, en cette Journée mondiale de la santé, je souhaite à l’OMS un bon 75e anniversaire, au GDHP, un joyeux 5e anniversaire, et à la santé, un avenir lumineux – pour tous et grâce à tous.
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