Depuis le début de la pandémie, la popularité des soins virtuels a explosé au Canada, puisqu’ils évitent aux patients de s’exposer au virus dans les salles d’attente bondées des cabinets de médecins et des cliniques médicales. Or, l’interopérabilité et les normes sont deux composantes essentielles des soins virtuels. En jouant le rôle de langue de communication commune, les normes assurent l’interopérabilité des différents systèmes et appareils, et l’information peut alors circuler librement d’un à l’autre. Par exemple, les normes pourraient permettre à l’appareil mobile d’un patient et à la plateforme de vidéoconférence utilisée pour sa consultation virtuelle de se « parler ».
Quand nous entendons parler des effets bénéfiques des soins virtuels sur l’environnement, nous pensons spontanément à la diminution des émissions de carbone attribuable aux déplacements évités. Cet impact n’est certes pas à négliger — selon une étude d’Inforoute publiée au printemps dernier, si la moitié des consultations en première ligne avaient lieu virtuellement, nous pourrions réduire les émissions de CO2 de 325 000 tonnes métriques chaque année.
Comme je l’ai appris il y a quelques mois en écoutant un épisode de l’Info-Balado sur la santé numérique, ce ne sont pas tant les déplacements des patients et les besoins énergétiques immenses des grands établissements de santé qui nuisent à l’environnement. Les principaux coupables sont les médicaments, les fournitures médicales et les produits en plastiques jetables.
Prenons les analyses de laboratoire. Elles sont indispensables aux diagnostics et aux traitements. Mais avez-vous déjà pensé à ce qu’il advenait de toutes ces boules de ouate et aiguilles, de tous ces gants et garrots de plastique?
Non, ils ne prennent pas le chemin du dépotoir. Si du matériel médical a été en contact avec des liquides biologiques, ou s’il risque d’avoir été contaminé par une substance infectieuse ou du sang, il est incinéré. Conformément aux lignes directrices canadiennes, les déchets biomédicaux sont transportés vers une zone de décontamination désignée ou vers une installation d’élimination des déchets biologiques dangereux. Ces mesures, bien que nécessaires pour éliminer tout risque d’introduction d’agents pathogènes ou de toxines dans l’environnement, contribuent néanmoins à agrandir l’empreinte écologique des analyses de laboratoire.
Les normes peuvent toutefois changer la donne. Les normes comme LOINC/pCLOCD et HL7 permettent de transmettre électroniquement les résultats d’analyses de laboratoire aux professionnels de la santé, puis à leurs patients, ce qui pourrait éviter la reprise des tests. Et moins les tests sont repris, moins il y a de déchets de laboratoire.
De même, grâce à des normes telles que DICOM et SNOMED CT, les professionnels de la santé peuvent s’échanger des images numériques qui, contrairement à celles sur film, ne requièrent pas de réactifs toxiques pour être produites. En outre, le développement des films exige de grandes quantités d’eau, une ressource d’autant plus précieuse qu’on observe une hausse des sécheresses et des feux de forêt à l’échelle de la planète. Enfin, comme les normes assurent l’interopérabilité des systèmes, rendant ainsi possible l’échange d’images entre professionnels de la santé, elles évitent aux patients d’envoyer par messager ou d’apporter eux-mêmes leurs images à chacun des membres de leur équipe de soins.
On dit souvent à la blague que les experts en normes aiment bien « s’enfarger dans les fleurs du tapis ». Chose certaine, notre travail suppose énormément de pollinisation croisée! À l’occasion de la Journée mondiale de la normalisation, je vous invite tous à réfléchir plus longuement à la portée de tout ce travail. En plus d’aider les professionnels de la santé à donner les meilleurs soins possible et de favoriser la bonne santé des patients, les normes contribuent assurément à protéger la planète.
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